L'embolisation de la prostate en Suisse : un traitement sûr, efficace mais encore méconnu

Bronchial Carcinoid

Connaissez-vous l'hypertrophie bénigne de la prostate ? Savez-vous qu'il existe une alternative au traitement chirurgicaux/endoscopiques sûre et efficace, sans impact sur la fonction érectile ? Au travers de ce bref article de vulgarisation, je souhaite vous en apprendre plus sur cette pathologie et sur l'embolisation des artères de la prostate, un traitement réalisé en ambulatoire et sous anesthésie locale par le radiologue interventionnel, notamment au CHUV.


L’hypertrophie bénigne de prostate, est une pathologie fréquente dans notre société vieillissante. On estime que 60 % des hommes à 60 ans en sont porteur, avec une symptomatologie gênante dans 25 à 50% des cas. La prévalence augmente avec l’âge, atteignant même 90% des hommes à 90 ans. ​ Sous l’effet des hormones et au fil de l’âge, la prostate s’hypertrophie, avec le développement de tissu bénin appelé adénome. Cette croissance va comprimer l’urètre, qui est le canal cheminant au centre de la prostate pour l'évacuation des urines vers le pénis, créant ainsi un obstacle à l’évacuation des urines. ​ 

Cela cause deux grandes catégories de symptômes :


  1. Les symptômes "obstructifs" (difficultés à la vidange vésicale à cause du blocage de l'urètre) ;
  2. Les symptômes "irritatifs" (envies fréquentes d’uriner et réveils/levers nocturnes, à cause d'une irritation de la vessie par la prostate agrandie).


Parfois, le patient n'arrive même plus à évacuer ses urines, on parle alors de rétention aiguë d'urines qui est traitée en urgence par mise en place d’une sonde vésicale pour évacuer les urines et soulager la vessie. 

Cette pathologie n'est pas qu'un inconfort, elle peut mener à l'insuffisance rénale si les reins sont exposés de manière chronique à une hyperpression urinaire liée à cet obstacle.


Actuellement, le traitement de l'hypertrophie bénigne de la prostate comprend :


  1. Des traitements conservateurs non médicamenteux (mesures hygiéno-diététiques) et un suivi ;
  2. Des traitements médicamenteux ;
  3. Une prise en charge chirurgicale ou endoscopique urologique.

Le traitement chirurgical est évidemment le traitement le plus efficace. Ils sont pratiqués par des urologues. Les traitements endoscopiques (passage par l'urètre) sont en général réalisés sous anesthésie générale lors d’une courte hospitalisation, avec port d’une sonde vésicale au décours, plus rarement en ambulatoire et sous anesthésie locale. ​ Les suites opératoires sont en général marquées par des douleurs durant quelques jours, un syndrome irritatif (semaines-mois). Ces traitements urologiques sont associés à des complications telles que : ​ 


  • Ejaculation rétrograde dans 30-40% pour les jets de vapeur, et quasi-constante pour les autres traitements ;
  • Hémorragie nécessitant des transfusions dans 2% des cas, et parfois une ou plusieurs ré-interventions pour décaillotage (avec prolongation du port de la sonde vésicale et/ou du temps d'hospitalisation) ;
  • Sténose urétrale dans 2% ​des cas.


L’embolisation des artères prostatiques est une intervention radiologique mini-invasive pratiquée par le radiologue interventionnel. ​

Le principe est différent des traitements urologiques endoscopiques. Il ne s'agit pas de réséquer et d'évacuer le tissu hypertrophié mais de l'assécher en le privant de son apport sanguin. La prostate va ensuite diminuer de taille progressivement.

Cette intervention est quasiment indolore et pratiquée sous anesthésie locale, au court d’une prise en charge ambulatoire. Le radiologie pique une artère (soit au niveau du bras soit au niveau du pli de l'aine) et insère un cathéter qu'il dirige ensuite vers les artères de la prostate sous guidage radiographique.  Les artères prostatiques sont ensuite occluses à l’aide de microparticules injectées.



Cette petite vidéo vous expliquera en image le principe de ce traitement :

Le patient est ensuite surveillé pendant 2 à 6h et peut regagner son domicile. L’embolisation des artères prostatiques ne laisse aucune cicatrice, et ne procure pas d’éjaculation rétrograde ni de séquelle sexuelle. Cette intervention est techniquement complexe et doit être pratiquée par un radiologue interventionnel expert. ​ Le patient est ensuite suivi conjointement par le radiologue qui a réalisé l'intervention et l'urologue du patient. En cas de re-apparition des symptômes, le traitement peut être répété et une chirurgie reste toujours possible !

L'embolisation des artères de la prostate est une technique sûre et efficace. De multiples études scientifiques publiées dans de grands journaux l'attestent (métanalyse mondiale, consensus international). Une équipe française a récemment publié un article avec les mêmes constatations


Je vous propose de regarder une autre petite vidéo réalisé par un Confrère expert dans ce traitement exerçant à Paris :


L'objectif de cet article est simple : l'embolisation des artères de la prostate est encore trop peu souvent proposée aux patients souffrant d'hypertrophie de la prostate. En Suisse, ce traitement vous est proposé au CHUV, dans le service de radiologie interventionnelle où j'exerce. Moi-même ou mes collègues vous recevrons volontiers à notre consultation pour vous évaluez si vous pouvez être un bon candidat pour cette intervention. Ce traitement, s'il est indiqué, est entièrement couvert par l'assurance maladie suisse (Lamal). 


N'hésitez pas à nous contacter !

Coordination de Radiologie interventionnelle 

Pendant les jours ouvrables (8h à 17h) au 021 314 7727 

nicolas.villard@chuv.ch




Sources & références :

https://www.radiologieinterventionnelle-paris.fr/embolisation-prostatique

https://pubs.rsna.org/doi/10.1148/rg.2021200144


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